L'Europe par le rail

Le train, catalyseur de l'identité européenne ?

Entretien avec Jiri Nalevska CD Rail / Ministère des Transports tchèque

7 juillet 2004

Comme dans la plupart des pays de l'Est anciennement communistes, les transports ferroviaires tchèques accueillent la libéralisation du marché de manière très favorable. Le libéralisme apparaît comme le modèle à suivre et à appliquer. Il correspond au chemin menant au développement et à la prospérité. La libéralisation totale du marché ferroviaire et la perspective d'une privatisation posera peut être un problème pour les syndicats de chemineaux mais sera vraisemblablement perçue comme une chance pour le grand public.  

Ainsi, conformément, à ces objectifs, des débuts de libéralisation ont déjà eu lieu notamment au niveau international sur l'axe reliant la Bohème du nord et Berlin. Cependant, cela n'est qu'un début car pour le moment le transport ferroviaire reste à 99% le domaine réservé de l'Etat. Les objectifs tchèques sont variés. Concernant les infrastructures, il manque tout d'abord au réseau tchèque des financements pour assurer une maintenance efficace. Quant à la modernisation du réseau à proprement parlé les investissements sont pour l'instant essentiellement publics. Comme dans la plupart des pays la concurrence se fera sur le droit à utiliser le réseau mais pas sur son entretien et sa modernisation qui resteront du ressort d'une entité indépendante publique. En ce sens, le gouvernement prévoit l'achèvement de l'électrification de la ligne Ceska Trebova-Brno. Un plan pour 2000-2005 est prévu pour l'électrification des lignes Ceske Budejovice-Horni Dvoriste, Letohrad-Lichkov et Kadan-karlovy Vary.

Plus précisément maintenant, il est important de voir comment la CD entrevoit l'ouverture de son réseau à la concurrence et ses stratégies pour pouvoir contrer l'offre des autres grandes compagnies européennes aux consommateurs tchèques. Tout d'abord concernant le fret, celui-ci fonctionne bien et s'avère être une source de revenu pour la compagnie. La mise concurrence de 2006 devra s'accompagner d'investissements afin pouvoir conserver sa prédominance sur le réseau national et surtout s'avérer être compétitifs sur les réseaux étrangers.

Concernant le transport des passagers, la concurrence étrangère qui interviendra en 2010 risque d'ajouter des problèmes aux difficultés déjà établies. En effet, le transport des passagers n'est pas rentable comme dans de nombreux pays. De plus, il est victime de la concurrence de plus en plus forte de la route. La chute du communiste par son retour aux valeurs individualistes aura vu dans la possession d'une voiture particulière le symbole d'une reconnaissance sociale. Le train au contraire apparaît comme un rappel aux valeurs collectivistes. Par ailleurs, son image est quelque peu négative notamment concernant des questions relatives à la ponctualité et aux prix. L'objectif de la CD RAIL est donc dans un premier temps d'améliorer la qualité du service afin que les consommateurs tchèques, qui préfèrent utiliser de plus en plus la voiture au détriment du train, évoluent dans leurs convictions.

Afin de répondre à ces difficultés, les tchèques envisagent plusieurs solutions. La première résiderait dans la création de réseaux régionaux de transports avec des autorités régionales de régulation. Cela permettra de réduire certains coûts mais apparaîtrait comme un début de privatisation. Au-delà de cela, l'objectif principal de la compagnie tchèque est d'assurer une parfaite « interopérabilité » entre les réseaux tchèques et slovaques. En effet, les deux pays par leur histoire commune disposent des mêmes infrastructures et des mêmes méthodes de travail. Une coopération active entre les deux pays en matière ferroviaire voir une fusion entre les deux compagnies pourraient s'avérer être la solution pour luter efficacement contre la concurrence étrangère tant en matière de fret que de transport de passagers...

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